Capharnaüm, point d'interrogation.
Je suis complètement deprimed. Je me sens feuille, je me sens conne, je me sens faible, je me sens toute seule. Je ne me sens pas capable d’affronter ces mots. La barrière est là. De son côté, du mien. Du double vitrage. Alors si je casse la mienne et que je me trouve face à une seconde vitre… je ne m’en sortirai jamais. Pourtant, rien ne peut rester ainsi. On ne peut faire semblant de rien. On n’a pas le droit. Pourtant, si je t’écrivais, si on y mettait des mots, on ferait tout exister. Et comme rien ne peut exister, les mots détruiraient tout. Alors il faut parler sans dire un mot. Il faut agir. Mais encore faudrait-il que tu m’aides, un peu. Je ne saurai rien faire innocemment, et surtout pas si tu me regardes avec ces yeux d’indifférence. Mais une indifférence que tu sais bien. Pas la même indifférence que celle des autres. L’indifférence de celui qui se veut indifférent. Pas de celui qui l’est. Tu la vois la nuance ? Moi je ne sais pas si je devrais la voir. Je la vois, mais ce sont peut être que des belles conneries que je m’invente. Pourtant, Dieu sait que j’en ai rêvé de ce capharnaüm. A m’en faire un Yann Barthes inaccessible et fantasmatique. A m’en faire un idéal, une asymptote. Et là, comme ça, l’asymptote devient limite. Tu t’es rapproché imperceptiblement, mais tu l’as fait quand même. Tu m’as tendu la main, et moi je l’ai saisi. Alors on se retrouve comme des cons, parce que la limite, elle est bien réelle. Y’a tout ce qu’il y a autour, ce tout qui m’empêche de t’atteindre. Parce que la nuit, elle est si heureuse, elle est si protectrice, elle nous protège de tout. Elle nous cache et nous enferme de tout les maux du monde. Le noir qui nous a enveloppés. Mais depuis, le noir il s’est perdu. Et j’ai perdu ta main. Et elle, elle a détruit la nuit. Elle s’est pointée, là. Elle a réapparu. On l’avait oubliée, un petit temps. On l’avait écartée. Mais là, elle est revenue, et elle compte pas nous laisser tout les deux à nouveau. Oh non, elle ne nous laissera pas gagner. Et si je me battais, moi ? Et si je me battais, tu viendrais avec moi ? Je veux pas jouer pour rien. Je veux pas jouer pour rien.